Pr Michel Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac.

La table ronde de la Cemac devait permettre de lever plus de 7 milliards d’euros manquants pour la réalisation de 13 projets régionaux. Pari tenu pour les organisateurs, avec 104% de promesses de financements obtenus. Entretien avec le professeur Michel-Cyr Djiena Wembou, le secrétaire permanent du programme des réformes économiques et financière de la Cemac.

Parmi les bailleurs, les partenaires au développement habituels : Banque africaine de développement, Banque mondiale, AFD, etc. Cependant, des acteurs moins habituels ont répondu à l’appel, comme des bailleurs des Émirats Arabes Unis qui représentent à eux seuls près d’un tiers des financements.

RFI : Comment allez-vous travailler avec les investisseurs provenant des Émirats arabes unis ?

Michel-Cyr Djiena Wembou : Au niveau des Émirats, il s’agit de banques et de fonds d’investissement. Pourquoi ? Parce que nous voulons que ces projets soient montés sous forme de PPP [partenariat public-privé, NDLR]. Ces projets qui sont montés sous forme de PPP, ont un triple avantage. Premièrement, le partenariat public-privé suppose un non-endettement de pays à la source. Cela veut dire qu’il n’y a pas un accord qui permet une dette ou un don. Deuxièmement, cela permet la gestion par un développeur, lequel développeur prend un risque que l’État couvre et il a donc des sociétés locales qui sous-traitent avec eux. Mais troisièmement, il y a un transfert d’expérience et un transfert de professionnalisation qui fait en sorte que ça soulage non seulement la trésorerie de l’État, mais ça permet aussi de faire enregistrer des recettes pour l’État. Et voilà pourquoi nous avons choisi cela parce que c’est une opération gagnant-gagnant.

Pourquoi ce nouveau partenariat ?

Ce n’est pas un nouveau partenaire, nous ne cherchons pas de nouveaux partenaires, nous avons une coopération avec le monde islamique, car certains de nos pays sont membres de la conférence islamique. Nous ne considérons pas non plus les nordiques comme de nouveaux partenaires. Nous ne considérons pas la Chine comme de nouveaux partenaires.

Nous considérons toute la communauté internationale dans ses diverses composantes comme étant des communautés ou des sociétés capables de nous aider dans la mise en œuvre de nos projets. L’origine des personnes n’est pas importante, c’est l’accord sur la vision, sur les moyens de produire et sur comment aider nos populations. C’est ça qui est important.

Vous attendez-vous à des difficultés particulières dans l’exécution de ces nouveaux projets ?

Nous n’avons pas de problème pour la mise en œuvre de nos projets. Nous maitrisons les processus et contrairement à ce qu’on croit, notre banque de développement maîtrise. Et contrairement à ce qu’on dit souvent, nous ne sommes plus au stade où nous ne savions pas le faire. Parce que les fils de la région savent très bien comment il faut procéder et nous sommes tous convaincus qu’il faut respecter les procédures internationales. Je veux conclure en vous disant que nous sommes d’accord qu’il faut qu’il y ait la redevabilité parce que la redevabilité crée la crédibilité.

Électricité, port, corridor routier… quels sont ces treize grands projets de la Cemac ? Ces treize grands projets intégrateurs doivent permettre d’améliorer significativement le quotidien des populations et aider au développement de la région. L'objectif est d'améliorer l’accès à l’électricité des populations dans la région où le taux moyen d’électrification est de 40%. Pour cela, deux grands projets d’interconnexion sont prévus : entre le Congo et le Gabon et entre le Cameroun et la RCA. Il s’agit également de diversifier l’économie de ces États dont certains sont encore très dépendants de la manne pétrolière. En tête des ambitions, le développement de la filière bois. La Cemac porte dans ce sens une stratégie d’industrialisation durable dans le Bassin du Congo. Le renforcement de l’intégration commerciale est mis en avant par la projection d’un port sec dans la zone des trois frontières : Cameroun, Guinée Équatoriale, Gabon. Enfin, il est question du développement du commerce intra-régional et pour cela faciliter la mobilité. Cela passe notamment par les aménagements fluviaux ou encore des corridors routiers. Par exemple, la route devant relier Pointe Noire à Ndjamena en passant par Bangui. Et enfin, il est prévu la construction d’une voie ferrée entre le Tchad et le Cameroun.

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